La gazette piétrolaise
A Petra di Verde, u nostru paese
A banda cumunale
Eranu tante e sciocche, tandu, à A Petra! A più perte di e famiglie avìa a soia e, spesso, e so duie o tre. Ogni famiglia munghjìa e soie mane e sera e avìa latte e capretti.
Per curalle, c’era u pastore cumunale. A mane à bon’ora girava u paese da un capo à l’altru e sonava u cornu per arricogliele; e tutt’ugnunu cappiava e soie. À banda fatta, u pastore andava à falle pasce sin’à a sera, incù a so rochjata.
Una sera per settimana, u pastore ùn cappiava mica e sciocche e tenìa in boleghju a e so capre, e munghjìa e si tenìa u latte: era a so paga. Averà avuto in più un picculu “supplemento” in danaru? Noialtri zitelli unn entravamu in quessi i conti.
Dunque una sera per settimane c’era - chjamemula cusì - a sera di u pastore cumunale. E, in tempo di capretti, o, per meglio dì, di zighini (chi, ingrendendu, diventavano capretti), sse sere eranu i sciali di i zitelli! I zighini, era capita, sughjìanu tutte e sere quandu e mamme voltavanu. E quandu u pastore ùn cappiava micca e sciocche ci vulìa à andà à falli sughje.
Andà à falli sughje, eccu a tacca chi toccava à i zitelli e chi li piecìa tantu!
A sera di u pastore, i zitelli pigliavanu i zighini e pertìanu volto a mandria. Ogni mamma ricunniscìa u soiu e li dava à sughje. Quandu u zighinu avìa suttu u zitellu u ripigliava e u pastore munghjìa a sciocca.
Eccu cum’ella si pò contà a sera di u pastore. Ma pè i zitelli era una altra cosa; una cosa maravigliosa!
Cumu u pudite portà un zighinu sin’à a mandria? Lentatu? Perch’ellu pigli tutte e viottule e ch’ellu vi scimisca? Di ssa manera à a mandria ùn ci sereste mai ghjuntu. I zitelli inguantavanu i zighini pè e schinche, i si pigliavanu à collu e, spicciendusi, ghjunghjìanu à a mandria nenzu u ritornu di a banda. E aspettavanu. Sempre à zighinu à collu.
Or figuratevi ciò ch’ell’era, in cor di novembre e di dicembre, d’avè à collu un zighinu chi é prontu à scappà; chi vo’ sentite zerpittà; ch’ellu ci vole à tene strettu à duie mani. E chi vivu e pillicciutu vi dà tanto calore!
Arricordenduvine più di settanta anni dopu vi si pare di sente sempre u calore di u zighinu, d’avellu sempre à collu e di tene strette e so schinche in e vostre manucce. Più di settant’anni dopu ssu piecere è sempre una maraviglia!
Le troupeau du village
Les chèvres domestiques étaient nombreuses en ce temps-là à Pietra! La plupart des familles avaient la leur, et souvent deux ou trois. Chaque famille trayait la sienne, matin et soir et elle avait du lait et des cabris.
Pour s'en occuper, il y avait le berger communal. Le matin de bonne heure il faisait le tour du village d'un bout à l'autre et il sonnait du cor pour les rassembler; et chacun lâchait sa chèvre. Une fois le troupeau constitué, le berger allait les faire paître avec son propre petit troupeau.
Un soir par semaine, le berger ne rendait pas les chèvres, il les gardait au milieu des siennes, les trayait et conservait le lait: c'était sa rétribution. Il avait certainement un petit supplément en argent, non? Nous les enfants n'entrions pas dans ces considérations.
Donc un soir par semaine il y avait (appelons-la comme ça) la soirée du berger communal.
Et au moment des cabris, plus exactement, des bébés chevreaux (qui en grandissant devenaient des cabris), ces soirs-là était le plaisir des enfants!
Les chevreaux, c'est évident, tétaient tous les soirs au retour de leur mère. Et quand le berger ne rendaient pas les chèvres il fallait aller les faire téter. Aller les faire téter, voilà la tâche qui incombait aux enfants et qui leur plaisait tant!
Le soir du berger, les jeunes prenaient les bébés chevreaux et partaient vers la bergerie. Chaque mère reconnaissait le sien et lui donnait à téter. Quand le chevreau avait tété, le jeune le reprenait et le berger trayait la chèvre.
Voilà ce que l'on peut dire de la soirée du berger. Mais pour les enfants c'était autre chose; une chose merveilleuse!
Comment pouvez-vous porter un chevreau jusqu'à l'enclos? En le laissant libre de ses mouvements? Pour qu'il emprunte tous le sentiers et qu'il vous rende fou? De cette manière il ne serait jamais arrivé à la bergerie. Les enfants attrapaient les chevreaux par les pattes, les mettaient sur leurs épaules et, en se dépêchant, arrivaient à la bergerie avant le retour du troupeau. Et ils attendaient. Toujours avec le chevreau sur les épaules.
Imaginez-vous bien ce que c’était, au mois de novembre ou de décembre, d'avoir autour du cou un chevreau prêt à s'échapper, que vous sentiez trépigner; qu'il fallait tenir serré à deux mains? Et qui, vivant et tout poilu vous donnait tant de chaleur?
En vous en souvenant plus de soixante-dix ans après vous avez l'impression de sentir la chaleur du chevreau, de l'avoir toujours autour du cou et de tenir ses pattes serrées dans vos petites mains.
Plus de soixante-dix ans après ce plaisir est toujours une merveille!