La gazette piétrolaise
A Petra di Verde, u nostru paese
L’erte di a pulitica
Qual’é chi ùn si ne vorebbi impadrunì di l’erte di a pulitica? U primu Prometeo. Ssu disgraziatu unn era micca pertutu per arrubà u focu. Quella di u focu è una scusa dopu pranzu. Ch’ellu sia collatu nant’à l’Olimpu, in lu suggiornu di i Dei, tutti dicenu ch’ell’è vera, ma c’è collatu inc’un altru scopu.
Quassù, in li nivuloni di l’Olimpu, Zeus e decine d’altri Dei campavanu sebiati. Unn avìanu bisognu di travaglià per manghjà. Sfaccendati, a maiò perte di u tempu ùn fecianu altru che litigassi, burlassi e qualchi volta ancu battesi cume cani. Ma à Zeus ùn lu struzzicavanu, perchì Zeus avìa u potere. U so potere era a saetta e a tenìa sempre in manu. Tempu ch’ell’ansciava si calmavanu tutti, figlioli e figliulini, fratelli e surelle, nipoti e niputini.
Zeus era fieru d’esse cusì temutu, ma ùn li bastava. Ci vulìa, in più, chi omu l’adorassi. Per quessa, in l’altri Dei ùn ci avìa fede. E cusì creò l’omi, per fassi adorà; e, in boleghju à l’omi creò tutti l’esseri viventi da l’acula à l’elefente e da a furmicula à a puce. Eppò incaricò à Prometeo e à u so fratellu Epimeteo per dotalli tutti di ciò chi li ci vulìa per campà.
Prometeo era un giuvanottone spenseratu, un vitellone nenzu l’ora, e invece di fa u so travagliu, si n’andò à spassu e lesciò u so poveru fratellu incù tamantu rompicapu. Quand’ellu voltò, tutti eranu stati ben pruvisti, for che l’omi. L’omi, elli corci, eranu nudi in Cristu (secondu a spressione aiaccina), à mezu polvericciu, e si litigavanu in tra d’elli, senza ch’ellu ci fussi l’erte di falli capì nunda.
Allora u vitellone disse: “Ciò chi stalva é colpa mea”, e circò d’acconcià l’affare. Collò sin’à in cima di l’Olimpu e andò dirittu à u tempiu di l’erte di a pulitica. Figuratevi a disfatta ch’ella serebbi stata pè i dei si l’omi avissinu amparatu quell’erte e ch’elli si fussinu pussuti sente per vive in pace. Per quella ghjente oziosa, chi passava e so ghjornate scuccagnate à infastidì l’omi e à fassi adorà, serebbi stata a so fine. Ma Prometeo ùn s’é pussutu mancu avvicinà, chi u tempiu di l’erte di a pulitica era inturniatu da decine di guardie pronte ancu à tombà per impedì l’entrata.
Scoraggitu era, ma pensò subitu chi à mani viote ùn pudìa voltà e si messe in cerca di qualcosa d’altru chi pudissi serve all’omi. E cusì arrubò u focu.
Incù u focu, incù u sviluppu di e cunniscenze e di e tecniche, l’omi hanu fattu cosi maravigliose e à Prometeo l’hanu sempre festighjatu. Dicerete ch’ellu a si meritava e forse averete ancu ragiò. Ma, inseme à e maraviglie quantu geniu approdatu pè sterpà a ghjente! L’omi sò diventati sapienti, creatori, ma ùn sò micca riesciuti ad amparà à campà inseme in pace. Dipoi chi u mondu è mondu, si sò sempre tazzati in tra d’elli.
E l’erte di a pulitica è sempre chjusa in cima à l’Olimpu.
À dilla franca, ancu si ssa manera di contalla mi piece (e serebbi cuntentu s’ella piecissi dino à voi), eiu ùn so s’ella si pò spiegà cusì a storia tormentata di l’omi. Ma u malessere l’ha sempre accumpagnati. E quessa unn é che verità.
Averà da durà sempre ssu malessere? Forse qualchi ghjornu e cosi cambieranu. Micca per tutti, ma per qualchi populu più ficcanasu che l’altri. Per noialtri Corsi, per esempiu, si “a Franciaccia” accunsentissi à lesciacci fà à da per noi e nostre leggi. Perchì si no’ e fessimu da per noi e rispetterebbimu. Addrestati cume no’ simu dipoi sempre, quessa è una cosa certa, unn è che verità.
L’art de la politique
Qui ne voudrait posséder l’art de la politique? C’est Prométhée qui y a pensé le premier. Ce malheureux, au départ, n’avait pas l’intention de dérober le feu. Cette affaire-là, ce n’est pas sérieux. Elle me fait penser aux propos qu’on tient quelquefois après un repas bien arrosé. Qu’il ait grimpé sur le mont Olympe, tout le monde est d’accord là-dessus, mais, je le répète, son but n’était pas de s’emparer du feu.
Là-haut, sur l’Olympe, cachés par de gros nuages, Zeus et des dizaines de dieux grecs menaient la vie de cocagne. Ils ignoraient la fatigue, l’épuisement, la faim, ils n’avaient donc aucun besoin de travailler. S’ils prenaient quelquefois un peu de nectar ou d’ambroisie, ces nourritures d’immortalité, c’était uniquement pour leur goût délicieux. Rien ne leur manquait. Pourtant, ils étaient toujours occupés à se quereller, se jalouser, comploter, voire même se battre comme des chiens, rechercher les honneurs, les prix de beauté, les privilèges... En somme, ils avaient tous les défauts des hommes, tels que nous les connaissons bien.
Aucun des dieux n’osait s’attaquer à Zeus, car celui-ci détenait le pouvoir, enfermé dans un éclair qu’il gardait toujours à la main. Son regard contenait la foudre. Un mot de Zeus, un froncement de sourcils, et les plus violentes disputes cessaient. Tous se calmaient, enfants et petits-enfants, frères et soeurs, neveux et nièces.
Zeus était fier d’être craint de la sorte, mais en même temps, il aurait voulu être adoré. Il ne comptait pas trop sur les autres dieux pour cela. C’est pourquoi il créa les hommes et, dans la foulée, tous les autres êtres vivants, aigle, éléphant, fourmi, puce, etc. Puis il chargea Prométhée et son frère Epiméthée de doter toutes ces nouvelles créatures de ce qu’il leur serait utile pour vivre.
Prométhée, ce jour-là, se montra insouciant et fit le “vitellone” avant l’heure. Au lieu d’obéir à Zeus, il partit sans vergogne se promener, laissant son frère se creuser la tête sur ce problème. A son retour, il trouva tous les êtres vivants bien pourvus pour affronter la vie, tous, sauf les humains. Ils les vit nus dans la poussière, mais loin d’être inactifs! Zeus leur ayant donné le langage en même temps que la vie, ils n’avaient pas perdu de temps pour s’en servir: ils se disputaient depuis des heures et impossible de les raisonner!
Prométhée se dit: “C’est ma faute si on en est arrivé là. Maintenant, je n’ai plus qu’à essayer d’arranger tout ça du mieux que je pourrai”. Il monta sur l’Olympe et se rendit directement au temple de l’art de la politique. Mais des dizaines de gardes, l’air féroce, prêts à tuer quiconque oserait tenter d’y pénétrer, lui en interdirent l’entrée.
Imaginez: si les hommes connaissaient l’art de la politique, ils sauraient comment vivre ensemble dans la sérénité. Alors ils n’auraient plus besoin d’implorer les dieux, de leur faire des sacrifices, de les adorer. Cela, les oisifs de l’Olympe le craignaient par dessus tout, eux dont la distraction favorite consistait justement à créer le plus de complications possibles aux mortels. C’est pourquoi le temple était si bien gardé.
Prométhée était découragé, mais il ne se voyait pas redescendre les mains vides. Il se mit à chercher ce qui pourrait aider les hommes à vivre. C’est bien ce que Zeus lui avait demandé, n’est-ce pas? C’est ainsi qu’il saisit l’occasion qui se présenta et déroba le feu à Héphaïstos.
La vie sur terre se trouva complètement transformée. On mangeait mieux quand les aliments étaient cuits, on peut s’en douter. Puisque les dieux aimaient sentir la fumée odorante des rôtis, il ne fut pas difficile de leur donner ce plaisir car les hommes gardaient pour eux le meilleur, la viande. On développa des techniques nouvelles. On réussit à faire des choses extraordinaires. On ne cessa de remercier et de fêter Prométhée, il le méritait bien! Mais en même temps les hommes déployaient leur génie pour faire le mal. Ils devinrent très savants, mais ne réussirent jamais à vivre en paix. Depuis que le monde est monde, ils s’entre-tuent.
Le temple de l’art de la politique se trouve toujours au sommet de l’Olympe, bien protégé de la curiosité des mortels.
Personnellement, si cette façon de raconter l’histoire tourmentée des hommes me plaît assez (et j’espère qu’elle vous plaira aussi), j’avoue que je ne sais pas si elle est valable. Une chose est sûre, pourtant: le malheur a toujours été présent parmi les hommes.